C’est pourquoi j’ai été profondément touché en lisant le compte rendu d’un projet eTwinning mené récemment par une collègue, madame Christine Chatzipantelí, professeure de français au lycée général [1] de Polygyros (Chalcidique, Grèce). L’article, publié en grec sur le site du lycée et sur fb, relate une rencontre franco-grecque organisée du 12 au 19 mars 2025 avec des élèves du lycée agricole Agricampus de Laval, autour d’un thème porteur : « Sur les pas des penseurs grecs ».
Un projet vivant, interculturel et intelligemment piloté
Dès les premières lignes, on perçoit qu’il ne s’agit pas d’un simple échange scolaire. Ce projet est le fruit d’une préparation rigoureuse et collaborative, amorcée plusieurs mois auparavant à travers la plateforme eTwinning. Les élèves grecs de première et de deuxième du cycle secondaire – qui apprennent le français comme seconde langue – ont activement contribué à la conception du programme : recherches, présentations numériques, échanges de propositions avec leurs camarades français… Rien de passif ici : les jeunes prennent part au processus et façonnent eux-mêmes les contenus.
Pendant la semaine de la rencontre, le programme a brillamment mêlé philosophie, ateliers créatifs, débats, gastronomie, et visites culturelles. Loin d’un simple séjour touristique, les élèves français ont travaillé main dans la main avec leurs hôtes grecs. Ils ont échangé leurs productions sur les philosophes grecs, débattu de l’utilité contemporaine de la philosophie, et participé à des ateliers de danse, de cuisine et de modelage.
Le français, vecteur d’action et de lien
Même si l’article ne précise pas toujours dans quelle langue se sont déroulées les interactions, il est manifeste que le français a joué un rôle structurant dans les échanges. Les productions préparatoires, la co-animation d’ateliers, les prises de parole publiques (notamment à la radio municipale) ont très probablement offert aux élèves de véritables occasions de s’exprimer dans une langue authentique et incarnée.
Une promesse tenue : celle d’une éducation humaniste et européenne
Ce projet incarne ce que j’appellerais une éducation par le projet, et non pour le projet. Il ne s’agit pas d’arriver à tout prix à un produit final « clean », mais de construire un chemin commun, avec des détours, des idées partagées, des émotions vécues. En cela, il dépasse largement le cadre scolaire traditionnel. Il cultive l’intercompréhension, la curiosité, la coopération. Il fait vivre aux élèves une Europe réelle, tangible, sensible.
Je tiens à saluer ici, avec beaucoup de respect et d’enthousiasme, le travail de création et de coordination mené par madame Chatzipantelí, ainsi que l’implication des équipes pédagogiques grecques et françaises. Voilà un exemple inspirant, à suivre et à faire connaître. Il montre, s’il le fallait, que la pédagogie du projet, quand elle est bien pensée et partagée, a le pouvoir de transformer un cours de langue en véritable expérience humaine.